Dernière mise à jour le : 15 mars 2024 par Rénovation et travaux
« The Vessel » , monument censé devenir un nouvel emblème de New York, a été contraint de fermer suite à un troisième suicide en moins d’un an. Cet édifice, qui attire beaucoup de touristes et représente le symbole du quartier de Hudson Yards, à Manhattan, est donc désormais fermé au public. Examinons l’histoire curieuse de ce monument, qui peut servir de leçon à tous les architectes à travers le monde.
The Vessel, nouvel emblème de New York ?
Le superbe monument new-yorkais a été inauguré en mars 2019, et a très rapidement attiré les touristes par milliers, grâce à sa structure étonnante.
Conçu par Thomas Heatherwick (Heatherwick Studio), « The Vessel » est un bâtiment de 46 mètres de hauteur, avec 16 étages, 2500 marches, 154 escaliers et 80 paliers. L’édifice est un design du studio britannique Heatherwick Studio. L’édifice, en forme d’alvéole d’abeille, a coûté environ 200 millions dollars. La construction a commencé en avril 2017 et a été terminée en décembre 2017… mais elle n’a été ouverte au public qu’à partir du 15 mars 2019.
Le terme « The Vessel » signifie « le navire » en français. Ce “navire” est situé à Hudson Yards, en plein cœur de Manhattan. La particularité de ce bâtiment sont ses escaliers, puisqu’ils sont tous interconnectés. Chaque étage de l’édifice offre ainsi une vue différente aux milliers de touristes que l’ont déjà visité.
La Tour Eiffel new-yorkaise
Naturellement, vous pourriez-vous demander le rôle de cette étonnante structure. L’attraction touristique « The Vessel » à New York peut s’apparenter la Tour Eiffel, à Paris.
En effet, il s’agit d’une œuvre architecturale et d’art public, entièrement conçue à destination des touristes. Cette structure est ainsi supposée de devenir le symbole du quartier Hudson Yards, et avoir un impact important sur le tourisme à Manhattan.
Seulement, aussi étonnante et surprenante que soit cette structure d’un point de vue architectural, ses concepteurs n’ont malheureusement pas mis la sécurité au cœur de leurs préoccupations…
La fermeture du Vessel, à peine un an après son ouverture…
Le mardi 12 janvier 2020, le New York Times a annoncé la fermeture de « The Vessel » pour une durée indéfinie. En cause de cette fermeture, les défauts évidents de sécurité de ce monument, dont les tenants et aboutissants n’ont pas suffisamment été pris en compte lors de sa conception.
Non moins de 3 suicides sur le Vessel
Autant dire que la limite de sécurité du Vessel a été mise en valeur très rapidement dans ce projet architectural, avec non moins de 3 suicides déjà réalisés depuis son ouverture.
En février 2019, un mois avant l’ouverture de l’édifice, une jeune star du rugby du New Jersey de 19 ans s’était jetée dans le vide depuis l’édifice. En décembre 2019, c’est une jeune fille de 24 ans originaire de Brooklyn qui met fin à ses jours. Le 11 janvier 2020, c’est un homme de 21 ans accusé de l’assassinat de sa mère, qui utilise le Vessel pour se suicider. Un drame de plus qui contraint le monument à fermer ses portes au public.
Un manque de prévention évident dès la conception
Tout projet architectural de grande hauteur doit forcément intégrer la sécurité. La prévention du suicide est également un élément à prendre en compte.
En 2016, quand le projet du Vessel n’avait pas encore commencé à se construire, Audrey Wachs, journaliste spécialisée dans l’urbanisme, écrivait déjà un article sur « Curbed », dans lequel elle expliquait qu’elle avait exprimé ses inquiétudes par rapport à la faible hauteur des barrières. Elle y rappelle un fait évident, que tout architecte se devrait de savoir : « quand vous construisez haut, les gens sauteront ».
Malheureusement, il fallut attendre le premier suicide pour que les autorités locales demandent à l’entreprise de construction de surélever les barrières… ce qu’elle ne fit pas !
Malgré l’avertissement et le premier drame, Thomas Heatherwick n’a pas changé son modèle. L’architecte a en effet préféré embaucher plus de personnel pour encadrer les touristes, plutôt que de modifier son design…
L’importance de la sécurité dans une conception en hauteur
Si le drame de « The Vessel » doit bien enseigner une leçon aux architectes, c’est l’importance de faire primer la sécurité par dessus toute autre considération. Aussi beau soit l’édifice, il est évident qu’il représente un danger pour les nombreux touristes amenés à le visiter.
C’est un élément que Thomas Heatherwick aurait dû anticiper… et qui explique clairement en quoi la fermeture de l’édifice est devenu une nécessité.
Lors de la création du projet, beaucoup ont comparé le projet à la tour Eiffel de Manhattan. C’est une comparaison tristement vraie, car la Tour Eiffel est également sujette à des suicides (environ une tentative par an). À la différence près que les tentatives de suicide ayant lieu sur la tour Eiffel ont lieu grâce à un usage inapproprié de l’édifice (les personnes cherchent à y escalader par l’extérieur), tandis que la conception du Vessel fait qu’une tentative de suicide y est clairement facilitée.
On pourrait par ailleurs se poser des questions sur la sûreté de l’édifice face aux accidents. En dehors du suicide, l’édifice pourrait en effet causer des morts accidentelles, car rien ne semble fait pour éviter les risques de chute.
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Quel est l’avenir du Vessel ?
Si la fermeture du Vessel est effective depuis le 12 janvier, le monument est-il amené à ouvrir à nouveau ?
Pour l’instant, rien n’est sûr. L’entreprise qui gère le projet a annoncé pour le moment une fermeture indéfinie, “jusqu’à nouvel ordre”. Et il y a de fortes chances pour que les autorités locales prolongent cette fermeture jusqu’à ce que de sérieuses mesures soient prises pour sécuriser le site.
Avec cette nouvelle vie perdue, l’administration de The Vessel va peut-être enfin considérer la surélévation de ses barrières, pour éviter de futures tragédies. C’est en tout cas la seule préconisation suggérée par les officiels qui ont exigé la fermeture de l’édifice.
On peut espérer que ce monument n’ouvre à nouveau ses portes au public que lorsqu’il sera suffisamment sécuritaire.
Si vous avez des pensées suicidaires ou vous connaissez quelqu’un qui pourrait en avoir, n’hésitez pas à visiter la page de SOS Amitié. Des bénévoles y sont à l’écoute 24/24 et 7 j/7. Vous pouvez aussi appeler le numéro 09 72 39 40 50 pour une oreille attentive. L’appel est gratuit, anonyme et confidentiel.