Dernière mise à jour le : 20 mars 2024 par Rénovation et travaux
Une récente enquête de l’ADEME, l’agence de la transition écologique, révèle les habitudes des Français en matière de rénovation énergétique. But de l’étude ? Vérifier si les objectifs d’atteindre un niveau de performance BBC pour 2050 est réaliste. Entre autres conclusions, l’étude révèle que certaines habitudes des Français en matière de rénovation de maison pourraient s’avérer contreproductives, voire dangereuses. Alors, que penser de la rénovation partielle ? Et comment s’assurer une rénovation énergétique efficace ? Examinons ensemble les conclusions de l’ADEME.
Une étude sur la rénovation des logements Français
L’agence de la transition écologique (ADEME) est un établissement public notamment conçu pour encadrer les travaux de rénovation énergétique. En janvier 2021, l’ADEME a publié les résultats de l’enquête « Rénovation Performante par étapes », réalisée en partenariat avec Dorémi (dispositif de rénovation énergétique) et Enertech (Bureau d’études sur les bâtiments performants).
Cette étude vise à déterminer comment atteindre les objectifs de rénovation énergétique d’un parc immobilier français de performance BBC (Bâtiment à Basse Consommation) d’ici 2050. Elle est menée grâce à l’analyse de différentes études sur les travaux de rénovation énergétique, et sur différents cas pratiques.
L’idée est de déterminer quelles sont les solutions de rénovation énergétique les plus efficaces et les plus confortables pour atteindre un tel objectif. C’est aussi l’occasion pour l’ADEME d’examiner les habitudes des Français en matière de rénovation énergétique… et d’évaluer leur efficacité.
Rénovation énergétique partielle : une pratique commune
Le rapport de l’ADEME montre que les pratiques des Français pour rénover leur logement passe spécifiquement par les rénovations partielles. L’occasion de voir que cette habitude n’est pas forcément efficace pour qui veut rénover une maison.
Le principe de la rénovation partielle
Par « rénovation partielle », on entend le fait de multiplier de petits gestes de rénovation, au fil des années. Pour exemple, un foyer peut décider d’isoler une toiture en 2016, puis de faire changer ses fenêtres en 2018, et de remplacer sa chaudière en 2020.
Si la rénovation partielle est si courante, c’est tout simplement car la rénovation par étapes permet d’étaler le budget de rénovation des travaux. Alors que le prix d’une rénovation de maison au m² peut atteindre très rapidement plus de 500 € par m², le coût d’un seul type de travaux est nettement plus abordable et paraît moins intimidant pour des propriétaires.
Il faut également reconnaître que les aides à la rénovation peuvent encourager la rénovation partielle. Un dispositif comme les CEE (certificats d’économie d’énergie) permet en effet de recevoir une aide par type de travaux réalisé. Il encourage donc peut-être davantage des travaux partiels (remplacement de fenêtre, pose d’un poêle à bois, isolation des combles, etc.), plutôt qu’une rénovation énergétique complète.
Les dangers de la rénovation partielle
Or, l’enquête de l’ADEME révèle que la pratique de rénovations partielles sur des logements existants peut s’avérer inefficace, voire dangereuse. Entre autres risques pointés par cette enquête de plus de 180 pages, on peut citer :
- La création de désordres sur le bâti : quand ils ne sont pas réfléchis de manière commune, les travaux de rénovation peuvent entraîner des désordres. Les travaux d’isolation peuvent ainsi par exemple entraîner un défaut de ventilation dans le bien immobilier, et déclencher des soucis d’humidité.
- Un impact pour la santé des habitants : qui dit travaux mal réalisés peut vouloir dire travaux dangereux. La présence de moisissures dues à une mauvaise ventilation peut ainsi s’avérer dangereuse pour les occupants du logement. Les déboires de l’isolation à 1 € ont également prouvé ce fait.
- Une efficacité moindre : autre défaut majeur, le fait de ne pas réfléchir les travaux d’une manière globale peut entraîner une inefficacité de l’ensemble, notamment avec la multiplication des ponts thermiques. Par exemple, il est plus efficace d’isoler dans le même temps les murs et les fenêtres, car cela permet de supprimer tous les défauts d’isolation au niveau du mur.
- Un coût plus élevé : qui dit moins d’efficacité dit également un coût plus élevé. Globalement, plus les gestes de travaux sont nombreux, et plus le coût total des travaux sera élevé. Pour contrer ceci se pose néanmoins la question du financement. Il est plus simple de financer des travaux par étape qu’une rénovation énergétique globale…
Conclusion sans appel : multiplier les petits travaux n’est pas aussi efficace que de réaliser un chantier de rénovation global quand on cherche à atteindre l’objectif BBC.
Rénovation énergétique : les clefs pour la réussite
Les conclusions de l’ADEME semblent intraitables : la rénovation énergétique partielle ne permettra jamais d’atteindre un objectif BBC du parc immobilier français en 2050.
Rénovation globale et accompagnement des ménages
Selon l’établissement, la performance BBC ne peut être atteinte que lors de travaux en 1 à 3 étapes. Par ailleurs, plus les étapes sont nombreuses et moins les travaux sont efficaces. L’idéal serait donc une approche globale systématique, avec des travaux prévus en ensemble et une meilleure coordination des différents types de travaux.
Cela est d’autant plus nécessaire qu’une rénovation énergétique globale permet d’optimiser le budget et d’assurer une rénovation bien conçue (avec continuité de l’isolation, bonne étanchéité à l’air, ventilation optimale et véritable niveau de performance énergétique). L’une des pierres d’achoppement est l’accompagnement des ménages. Mal renseignés, ces derniers ont tous les risques de réaliser des travaux peu performants. Pour des résultats durables, une bonne conception des travaux est donc essentielle. La formation des professionnels du bâtiment à la rénovation énergétique est donc également essentielle, pour qu’ils soient en mesure de mieux conseiller les ménages.
Il ne faut pas non plus négliger la nécessité d’aides à la rénovation globale. Sans une politique d’aides financières qui prend en compte la nécessité d’un chantier global, les particuliers ont en effet plus intérêt à la rénovation partielle, qui leur permet de financer plus simplement leurs travaux. L’existe d’initiatives comme le site Faire, qui facilite la connaissance et le cumul des aides de l’État, devrait aider à aller dans ce sens.
L’importance des énergies renouvelables
Autre conclusion de l’ADEME, l’utilisation des énergies renouvelables reste impérative pour atteindre les niveaux d’exigence BBC. Une fois de plus, la pompe à chaleur est préconisée comme solution de chauffage, de même que le chauffage au bois (poêle à bois, chaudière à pellets, etc.) ou encore le solaire.
En revanche, le remplacement du chauffage n’est conseillé que dans le cadre d’une rénovation globale, en 1 à 3 étapes. Le remplacement d’un chauffage avant la rénovation est en effet peu indiqué, car le nouvelle chaudière s’userait plus rapidement et serait potentiellement moins efficace dans un bâti ancien. Par ailleurs, la chaudière pourrait s’avérer surdimensionnée une fois des travaux d’isolation effectués.
Naturellement, tous les travaux d’isolation et de chauffage doivent s’accompagner d’une attention toute particulière à la ventilation et au renouvellement de l’air, qui sont essentiels pour éviter les désordres liés à l’humidité.